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Olivier Sillig

Garcia et le vautour                                                                 Texte complet (.pdf)

Tragi-comédie en 1 acte pour un ermite et un ou une vautour   

 

Auteur

Olivier Sillig 

Genre 

Théâtre, tragi-comédie 

Durée 

~80 minutes

E-Mail 

info@oliviersillig.ch 

H-page

http://www.oliviersillig.ch

Droits
 Olivier Sillig et SSA

 

Sommaire :

  1. Note d'intention
  2. Le décor
  3. Les personnages
  4. Extrait (début)
  5. Texte complet (.pdf)

  


Note d'intention

 Dans le train ou le bateau me ramenant d’une des îles désertes où je vais quelquefois écrire, j’ai posé les prémices de la première scène de Garcia et le Vautour, le projet d’une comédie sur la torture.

Cet hiver, deux ans plus tard, j’ai repris. En m’appuyant toujours sur l’idée, vraie je crois, que rien de ce qui est humain ne m’est étranger, nous est étranger, nous humains, nous aussi, auteurs, comédiens, metteurs en scène. En puisant dans ma petite musique de nuit, je me suis laissé porter par ce thème, la torture, comment on devient tortionnaire, le rapport entre victimes résistantes et bourreaux patibulaires. Dans le grotesque, j’ai cherché à dénicher aussi l’humanité. Je suis arrivé au but, plutôt étonné et assez content.

Printemps 2007


Le décor

Un ring au sommet d’un pylône.

Les personnages

Garcia                     ermite
Voltoio(a)               vautour(e)


Extrait (début)

En marge de la scène :

Voltoio

Dieu du ciel (et des oiseaux) ! Qu’est-ce que c’est que tout ce ramdam, tout ce boucan, tout cet équipement qui s’amène ? Serait-on en train d’installer un derrick ? J’espère bien que non, pas de marée noire dans mon beau désert !

Mais que diable fabriquent-ils ? Qu’est-ce qu’ils construisent ? Je n’ose pas approcher, bien trop d’agitation ! Oh là, là ! Oh, là, là ! Quel effort, quel bel effort ! Ho hisse ! Oh hisse !

Un phare ? Un sémaphore ? Une arrivée de téléphérique ? Un piédestal ? Un ring ? On dirait un ring. Ça se calme, j’approche !

 

Apparition de Garcia et du ring.

Après avoir exploré l’espace délimité par les cordes qui ceinturent le ring ainsi que l’espace alentour, Garcia attrape un crucifix et un fouet. Il se flagelle avec.

Garcia

C’est ma faute, c’est ma très grande faute ! Seigneur, c’est ma faute !

Au ciel :

C’est comme ça qu’il faut dire ?

Garcia se flagelle à nouveau :

C’est comme ça qu’il faut faire ?

Contrition. Seigneur, j’ai péché (beaucoup) ! J’ai tué (beaucoup), raflé les fonctions et les biens d’autrui (pas mal), leurs femmes (plus d’une fois). Seigneur, j’ai usurpé le pouvoir (c’est vrai) et j’en ai abusé (agréablement). C’est ma faute, c’est ma faute ! C’est ma faute ? Enfin presque.

Seigneur, je réclame pénitence !

Seigneur, j’avoue av !…

Découvrant Voltoio, qui vient d’atterrir sur ring, Garcia se fige et se tait.

Voltoio

Bonjour.

Silence.

Bonjour ! Tu es une nouvelle visite ? Drôle d’arrivant. Tu es… Tu es qui ?

Silence.

Bon, d’accord. Tu as raison, faisons montre d’hospitalité. Je me présente.

Bonjour, je suis Voltoio.

Silence.

Voltoio. Amusant non ? Mon père, qui prétendait avoir de très improbables origines italiennes, avait décidé que le dernier fils de sa nichée s’appellerait Voltoio. Un oiseau de passage, migrateur lui, et donc digne de foi, lui a pourtant appris que vautour en italien, cela ne se disait même pas Voltoio. Il a expliqué qu’en italien Voltoio était une pièce très précise et méconnue du harnais des chevaux, celle où l’on fixe les clochettes. Mon père a paru ravi : Mon fils sera le petit grelot de notre nid ! Cela explique sans doute pourquoi j’ai dû être le plus joyeux. Et essayer d’être le plus amusant.

Mais, au demeurant, vautour je suis, vautour je reste ! Voltoio. Bienvenue à toi, noble… étrange étranger !

Silence.

Non ? Toi, qui es-tu ? Tu ne veux pas me le dire, dans ce drôle d’accoutrement, sur cette drôle de plateforme ? Tu n’as pourtant pas l’air d’un boxeur…

Garcia

Tu ?...

Voltoio

Je ?...

Garcia

Tu ?… Tu es un oiseau ?

Voltoio

Un oiseau ? Certes. Un vautour, je l’ai dit. Nous ne jouissons pas d’une très bonne réputation, mais c’est une fausse renommée, nous sommes doux comme des agneaux, parfaitement inoffensifs, voire utiles.

Garcia

Un oiseau…

Au ciel :

Seigneur ? J’ai fait vœux de silence… Mais à l’égard des hommes, pas à l’égard de tes créatures inférieures…

Ton saint ?...

Voltoio-Dieu

Francesco.

Garcia

Saint Francesco, c’est ça, parlait bien aux animaux. Je peux ?

 Voltoio-Dieu

Certes, tu peux, car il est dit qu’en chaque animal, même le plus insignifiant, mais aussi les plus grands (comme les vautours), je réside…

 Garcia

Comme tu résidais en ceux que j’ai fait zigouiller. Alors, je peux ? Chouette !

Alors, bonjour vautour Voltoio. Je me présente. Je suis un saint ermite. En formation. Un pénitent. Je suis… Je suis, ou j’étais, jusqu’à ce que je me dépouille même de mon nom, le terrible Miguel Garcia !

Voltoio

Miguel Garcia ? Miguel Garcia ? Miguel Garcia, il y en a des pellées sur tout le continent. Attends ! Je me sens des fourmillements dans les pieds, dans mes serres. La mémoire de l’eau, la mémoire des fils électriques, des fils du télégraphe sur lequel j’aimais à me percher avant que n’arrive cette superbe installation !

Voltoio désigne le ring.

Miguel Garcia, le Colonel Miguel Garcia, le sinistre dictateur !

Garcia

Lui-même ! Désormais saint ermite ! Stylite, perché au sommet d’une colonne plantée au milieu du désert pour expier tous mes péchés.

C’était ça, ou le peloton d’exécution. Le peloton, je ne connais que trop (du bon côté, jusqu’alors). C’est moi qui ai eu cette idée, cette idée de pénitence. Elle soulage bien mon successeur. Entre gens du milieu, on préfère s’arranger un peu, un dictateur peut toujours en cacher un autre. Et vice-versa.

Garcia se flagelle à nouveau :

Seigneur, c’est ma faute !

Ça fatigue, ça fatigue le bras. Tu ne veux pas me relayer ? Tiens prends ! Bats-moi !

Le fouet change de mains.

Voltoio

Non, je regrette, ce n’est pas mon genre. Je suis doux comme un oiseau. Ou alors, il me faudrait des raisons pour personnellement te haïr ! Or, pour l’instant, tu m’offres plutôt une distraction, tu m’amuses.

Tiens, reprends !

Garcia

Des raisons de me haïr, si ce n’est que ça, je vais t’en donner !

Garcia lève le fouet mais semble entendre une voix céleste.

Non ? Non, c’est vrai, je suis un pénitent !

Voltoio

Et moi, un oiseau !

Démonstration de sa capacité d’évitement.

Garcia (se donnant quelques coups)

Pénitence ! Pénitence !

Attends ! Au moins, je peux te raconter. Tu seras mon confesseur. Tu verras, cela suffira largement à me haïr.

Je commence…

Je commence où, par quel bout ?

Par la musique, d’accord ? C’est joli la musique ? Tu aimes la musique ?

Oui, alors j’y vais.

Bon ! La musique, c’est joli, c’est pourquoi j’ai voulu intégrer la Fanfare.
[...]
© Olivier Sillig 2007

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V:6.11.07 (13/08/07)