Bresel
Parvenant par bouffées, dans cette ville inconnue,
Les quelques notes rares, mesurées, un peu tristes,
Charriées par un vent invisible et ténu,
Ne disaient rien encore de l'accordéoniste.Je ne pouvais savoir que ton regard aurait
La couleur délavée des yeux des chiens polaires.
Ni les deux pattes d'oie que ton sourire faisait
Naître juste un instant, verticales, éphémères.Ces quelques notes éparses laissaient seulement entendre
Un air de valse lente, dont tu n'avais jamais
Connu que la musique amère, douce et tendre
Et dont quelques paroles soudain me revenaient.Refrain I:
Rien que deux ou trois mots, une valse traînante,
Un éclusier transi, un mari redoutable,
une péniche qui passe, une femme avenante,
Et je crois me souvenir, une fin lamentable.Puis je t'ai découvert, d'vant l'cinéma Astruc,
Pour bien rythmer tes pieds, tu battais la semelle,
Appuyé contre les pattes de l'éléphant en stuc
Et sa trompe qui brandit l'affiche promotionnelle.Face à toi comme sébile, il y avait ta casquette
J'y ai posé une pièce et je t'ai observé:
Tu m'as fait ce sourire de tes lèvres muettes
Avec le bleu si dur de tes yeux délavés.Tu as repris cet air dont la musique, hélas,
Reflète le tempo lourd de ton cœur d'jà usé,
S'y sont évaporées les dernières notes lasses,
De ton accordéon au soufflet épuisé.Refrain II:
Rien que deux ou trois notes, une histoire déroutante,
Un jeune homme trahi, des heures impitoyables,
une guerre qui passe, une lutte accablante,
Tout ça pour pressentir, une fin pitoyable.Refrain III:
Loin des mots oubliés d'une valse traînante:
cet éclusier transi, ce mari redoutable,
Cette péniche qui passe, cette femme avenante.
Je vois déjà venir, une fin misérable.août 2001
©Olivier Sillig, textes et images, tous droits de reproduction réservés.
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slamé par CinqCentDouze le 5.10.10
V:5.10.10 (15.02.03)