«Transbordement ! »
La voix métallique d’un
haut-parleur de gare résonne distinctement sous
le crâne d’Axis Gooze.
Une autre voix, grave, éraillée, plutôt
bienveillante, toute proche et
bien réelle celle-là, lui parvient difficilement à
travers le
brouillard jaunâtre qui a envahi ses pensées :
« Monsieur Gooze, tout ce dont vous vous souvenez,
dites-vous, c’est de
ce moment où vous êtes entré dans l’hôtel
avec les deux bouteilles de
Slibe et le radiateur. Pourtant,
tout à l’heure, vous avez débarqué au commissariat
en disant que vous
aviez tué quelqu’un. »
Entre ces deux voix, huit jours ont passé.
Maintenant, Axis est roulé dans une méchante
couverture grise, un peu
mouillée près du cou qui sent le vomi et l’alcool.
Il est posé là, sur une
banquette,
comme un paquet, retenu par un coin de mur.
À l’instar de l’homme qui l’interroge, il aimerait bien se
souvenir.