SEPT, no 28, automne 2019

 


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Le réel est sa ruelle

L’homme est un ancien psychologue, désormais acquis aux activités artistiques. L’écriture de romans y tient une place particulière. Avec Le Monde est ma ruelle, c’est le chroniqueur suisse qui parle. Ses 368 pensées, couchées sur le papier au jour le jour depuis 1984, ne racontent ni sa ville de Lausanne ni tous les autres coins de la planète qu’il a foulés de ses pieds, son carnet sous le bras, mais les badauds que sont les humains et qu’est l’auteur. Si certaines chroniques peuvent avoir l’air d’aphorismes, la plupart ne sont ni de l’ordre de la réflexion ni de la littérature. Elles suivent pour ainsi dire la linéarité de la vie, sa bassesse et ses surprises. Impertinent, Olivier Sillig l’est assurément. Pour le meilleur et pour le pire. Le titre, on ne peut mieux choisi, résume cet itinéraire littéraire que le lecteur réalise à son tour.

On y croise des prostituées, des gitanes, des familles, beaucoup de beaux jeunes hommes. On entre peu à peu dans le regard d’un narrateur ironique qui transforme l’absurde en comique et l’abject en lyrique. «Topor disait que les histoires vraies n’ont pas de chute»: Olivier Sillig s’y est tenu à la lettre, au service d’une écriture du réel.

 Jonas Follonier

Olivier Sillig
Le Monde est ma Ruelle
Éditions de l'Aire, 2019

 

 
 











V: 26.11.19