Deux bons bougres

 24 Heures / Mardi 13 juin 2006, p13 / LIVRES




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Les pacsés du XVIIIe siècle

AVENTURE
Le Lausannois Olivier Sillig livre une épopée historique très gaie.
Publié le 13 juin 2006

Le Lausannois Olivier Sillig, né en 1951, cultive de multiples talents (cinéaste, dessinateur, écrivain, etc.). En littérature aussi, il passe d'un genre à l'autre: après la science-fiction (Bzeurd, repris en Folio), après des nouvelles érotiques publiées dans la revue Le Persil, il a choisi de travailler l'épopée historique. Au XVIIIe siècle, près de Lausanne, Nicolas, 17 ans, fils de notaire, se fait violer par Martin, un brigand du Jorat. Martin et Nicolas deviennent les meilleurs amis (et amants) du monde. Ils sont enrôlés dans l'armée des Habsbourg, avant de partir pour l'Amérique où ils défendront les Indiens.

Sillig injecte une émancipation très soixante-huitarde en plein XVIIIe siècle: Martin et Nicolas ouvrent leur couple à Hilda, dont ils ont une fille. Après le décès d'Hilda, ils forment une famille homoparentale avant l'heure. Le thème de l'amour viril semble être la seule originalité de ce roman, qui reprend et surexploite nombre d'images d'Épinal. C'est comme si Sillig, toujours émerveillé par les romans d'aventure qu'il lisait enfant, avait décidé de les réécrire, de les «corriger» pour qu'ils s'approchent au plus près de la vie. Cela suffit-il à donner de l'épaisseur à son récit?

Deux bons bougres se ressent d'une démarche de touche à tout passionné, généreux, mais qui manque de rigueur. Martin sera brûlé par l'Inquisition, pour sodomie, Nicolas s'enfuira grâce à une belle prostituée noire et deviendra moine. Pourtant le lecteur ne s'émeut pas de leur destin, comme si nous étions toujours dans l'univers du jeu et que rien n'avait de gravité. Les héros ne semblent pas différentiés ni incarnés, la peau ne colle pas à la chair (un comble pour un auteur passionné par les corps). Dans ce récit ingénu, mais intègre et bouillonnant, seul compte le plaisir sans prétention de raconter.
JULIEN BURRI
Olivier Sillig, Deux bons bougres. Encre fraîche, 367 pp.


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V: 23.06.2006