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Olivier Sillig

Un tour de gitan

Un gamin est entré dans la ville,
C’est un gamin monté en graine,
Un enfant, un frêle adolescent.
Il a une tête de souriceau,
L’ombre d’une moustache,
sur des petites dents irrégulières.
 
Dans la rue qui descend vers la Louve,
Assis sur son pied replié, il tend la main.
S’il le fait, la paume tournée vers le ciel,
Ce n’est pas pour savoir s’il pleut,
Mais parce qu’il mendie.
Mendicité dans sa forme la plus simple,
Avec concentration et nonchalance.
 
Ce faisant, il se balance,
Il se balance sur lui-même,
D’avant en arrière et d’arrière en avant.
Indifférent aux passants et aux pigeons,
Mais pas aux corneilles, à qui il sourit.
Un sourire de loup.
Enfant fragile, gnome psychotique, petit mendiant demeuré.
 
Gnome psychotique ? En fin d’après-midi, pas,
Quand il rejoint son groupe,
Deux matrones, une mère et une tante,
Et un homme rond en chaise roulante,
Qui discutent tranquillement.
Le gamin vient partager leur quatre-heures.
Il s’assied à côté d’eux, sur une marche de l’église.
On lui tend un coca, il le  boit.
Il fume une cigarette, et devise avec les autres.
Il ne se balance plus.
 
Quand vient l’heure, il retourne mendier.
Assis, enfant fragile à nouveau,
À deux doigts de se briser.
Petit mendiant qui cache son jeu,
Petit mendiant qui cache bien son jeu.
Qui cache son jeu. Mais quand ? Maintenant ou avant ?
Et moi, moi qui le regarde ?

Escalier de Saint-Laurent, le 13 juin 2008 -  Décmbre 2010

 


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slamé par CinqCentDouze le 11.01.2011
5.10.10
8.12.2010 (8.12.2010)