LE COURRIER / 1.07.2022
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Lien : https://lecourrier.ch/2022/01/07/apocalypse-suite-et-fin/
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Apocalypse, suite et finScience-fiction ► En 1995, le Lausannois Olivier Sillig
faisait paraître Bzjeurd, son premier roman, aux éditions nantaises
L'Atalante. Bien d'autres ont suivi depuis (Skoda, Jiminy Cricket, Jambon
dodo, etc.). C'est ce postapocalyptique, décidément en avance sur son
temps, qu'Hélice Hélas a eu la judicieuse idée de rééditer en l'accompagnant
de son «prequel» inédit, Kazerm. S'ouvre
pour le lectorat - déjà initié ou novice - un sombre univers où l'horizon se
résume à un sol mouvant et incertain, fait de limbes et de boues, ponctué de
rares villages où la vie suit son cours malgré les attaques sanguinaires et
aveugles d'une armée menée par un homme auquel il manque une phalange. Dans
le premier opus, le héros éponyme se décide à infiltrer ces troupes hostiles
pour s'acquitter de la promesse d'une vengeance. Mais à trop côtoyer le mal,
ne risque-t-on pas d'y prendre goût ou d'y perdre son âme? Kazerm
intervient
en regard dans ce questionnement car, en plus d'évoquer les origines du monde
dévasté par une catastrophe fulgurante, ce second roman se plaît à creuser ce
qui semble hanter l'auteur: les racines du mal, ce qui sépare l'homme d'une
bête dangereuse, et le temps qu'il lui faut pour succomber à ses pulsions.
Cette plongée aux limites du sordide aura sollicité Olivier Sillig durant
vingt-quatre ans - un temps long qui se ressent sans doute dans une écriture
moins fluide que dans Bzjeurd (écrit en huit ans!) Pourtant - et même
s'il est parfois question de cannibalisme -, rien d'indigeste dans ce
diptyque: il se dévore en deux temps trois mouvements, et ne laisse personne
sur sa faim. AMANDINE GLÉVAREC Olivier Sillig, Les limbes de Bzjeurd, Hélice Hélas,
2021, 399 pp. |
V:11.01.22 (11.01.22)